
La Journée Internationale des Abeilles célébrée chaque 20 mai pour louer l'importance vitale de ces pollinisatrices infatigables, la ville de Goma, dans l’Est de la République Démocratique du Congo, vit une réalité bien différente. Occupée par le M23-AFC depuis fin janvier 2025, la capitale du Nord-Kivu, jadis un carrefour économique dynamique, est aujourd'hui étouffée non seulement la vie humaine, mais aussi les échos d'une économie locale florissante, dont la production de miel.
Reportage
Traditionnellement, le miel produit dans la ville de Goma et dans d'autres coins de la province du Nord-Kivu était une denrée prisée, souvent acheminée vers Kinshasa, la capitale et le plus grand centre de consommation du pays. Ce précieux nectar, symbole de la richesse naturelle et du savoir-faire local, représentait une source de revenus essentielle pour de nombreuses familles. La guerre a brisé ce lien vital.
Certaines routes de desserte agricole du Nord-Kivu restent coupées, des échanges commerciaux quasi inexistants, et l'acheminement du miel vers Kinshasa est devenu une tâche insurmontable avec la fermeture de l'aéroport international de Goma, déplorent des apiculteurs rencontrés par CONGORASSURE.CD
"Je fournissais plusieurs centaines de litres de miel de miel à Kinshasa, ça me procurait le double voire le triple de ce que j'investis mais aujourd'hui tout est paralysé suite à la guerre du M23-AFC, l'aéroport nous est fermé et nous n'arrivons plus à accéder à nos champs et autres sites de production", dit un apiculteur à CONGORASSURE.CD.
Au-delà de l'impact économique, c'est une part de l'identité et de la résilience de Goma qui est affectée. Selon John Kalimba, un des responsables des apiculteurs du Nord-Kivu, la production de miel n'est pas qu'une simple activité agricole ; elle est ancrée dans les traditions locales et contribue à l'équilibre écologique de la ville de Goma. Celui-ci déplore le fait que suite à la guerre, plusieurs abeilles ont été tuées dans des bombardements.
"Des ruches ont été détruites par des éclats de bombes et nous avons perdu plusieurs rayons de miel comme ça, cette guerre a véritablement touché notre secteur. Aujourd'hui, quand tu as plusieurs rayons et que tu as une quantité suffisante produite, tu te rends compte que les consommateurs ont sensiblement baissé et c'est une perte énorme pour nous", déplore t-il.
Malgré la guerre, l'esprit de résilience des apiculteurs de Goma demeure. Comme les abeilles qui reconstruisent inlassablement leurs ruches après une perturbation, ces apiculteurs espèrent qu'une paix durable permettra aux producteurs de miel de Goma de retrouver le chemin des marchés et que ce doux nectar puisse à nouveau régaler les papilles des consommateurs à Kinshasa et au-delà.
Daudi Amin