
La tenue du concert caritatif « Solidarité Congo », initialement programmée pour le 07 avril prochain à l'Accor Arena de Paris, suscite une vive controverse en raison de sa coïncidence avec la Journée internationale de commémoration du génocide des Tutsi au Rwanda. Cette situation a conduit la Mairie de Paris à solliciter l'intervention du Préfet de police pour interdire l'événement à cette date.
Le 07 mars, la Maire de Paris a été alertée par plusieurs personnalités et associations, dont l'Ambassadeur du Rwanda en France, M. François Nkulikiyimfura, le président d'Ibuka France, M. Marcel Kabanda, le Président de la Communauté Rwandaise de France, M. Christophe Renzaho, ainsi que l'association Tubeho Family, regroupant des rescapés du génocide des Tutsi. Ces derniers ont exprimé leurs inquiétudes quant à la tenue du concert le 07 avril prochain, estimant que cette date était inappropriée en raison de sa signification mémorielle.
Bien que l'objectif du concert, visant à soutenir les enfants victimes du conflit dans l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC), soit louable, le choix de cette date est jugé problématique. La Mairie de Paris craint que, compte tenu des tensions existantes entre les communautés Rwandaise et Congolaise à Paris, exacerbées par la situation dans la région des Grands-Lacs, la tenue de cet événement ne provoque des troubles à l'ordre public. Des échanges et propos haineux tenus sur les réseaux sociaux en lien avec l'annonce de ce concert ont renforcé ces préoccupations.
De plus, l'UNICEF, initialement bénéficiaire des recettes du concert, a annoncé son refus d'être associée à cet événement prévu le 07 avril prochain, renforçant ainsi les appels à son report. Face à cette situation, la Maire de Paris a adressé, le 10 mars, un courrier au Préfet de police de Paris, M. Laurent Nuñez, demandant l'interdiction du concert à cette date, en raison des risques de troubles à l'ordre public qu'il pourrait engendrer.
En réaction, l'écrivai Jean-François Le Drian a exprimé son opposition à un éventuel report du concert sur demande Anne Hidalgo maire de Paris, estimant qu'une telle décision serait une « honte » et une « insulte » envers les Congolais. Il a rappelé que, selon le rapport Mapping des Nations-Unies de 2010, les exactions commises en RDC pourraient être qualifiées de génocide, soulignant la complexité et la gravité des conflits dans la région. M. Le Drian a également critiqué ce qu'il considère comme une instrumentalisation de la commémoration du génocide des Tutsis par le régime de Paul Kagame, Président du Rwanda, pour légitimer ses actions dans la région.
Cette controverse met en lumière les défis liés à la mémoire collective et aux sensibilités historiques dans l'organisation d'événements internationaux, en particulier lorsque des tensions politiques et ethniques persistent.
Diddy MASTAKI