
L’auteur Charles Onana et son éditeur ont été reconnus coupables lundi 09 décembre par le tribunal correctionnel de Paris pour contestation du génocide des Tutsis au Rwanda. Cette décision, saluée par plusieurs associations et observateurs, marque une nouvelle étape dans la lutte contre le négationnisme.
Charles Onana a été condamné à une peine de 120 jours-amende à raison de 70 euros par jour, conformément à la demande de la procureure. Cette dernière avait insisté sur la nécessité de rappeler aux prévenus, ainsi qu’à l’ensemble de la société, la réalité incontestable du génocide des Tutsis, survenu en 1994 et reconnu par la communauté internationale.
Le tribunal a également dénoncé ce qu’il a qualifié de « déploiement sans fin de l’idéologie négationniste » dans les écrits de Charles Onana. La sentence vise ainsi à sanctionner, mais aussi à prévenir la diffusion d’une telle idéologie qui menace la mémoire des victimes et la stabilité des relations intercommunautaires.
Charles Onana, journaliste et essayiste controversé, s’est fait connaître pour ses écrits remettant en question certains aspects des événements de 1994 au Rwanda. Ces positions ont suscité de vives réactions, notamment de la part de rescapés du génocide et d’organisations de défense des droits de l’Homme, qui ont dénoncé ses prises de position comme étant une tentative de réécrire l’histoire en niant la souffrance des victimes.
Son ouvrage, au centre des accusations, aurait selon les plaignants minimisé l’ampleur des massacres et diffusé des thèses conspirationnistes remettant en cause la responsabilité des autorités de l’époque dans l’extermination des Tutsis.
Cette condamnation est perçue comme un signal fort en France, où la lutte contre le négationnisme reste une priorité, notamment dans le cadre des génocides reconnus par la loi. Le génocide des Tutsis, perpétré par le régime hutu extrémiste Rwandais entre avril et juillet 1994, a causé la mort de près de 800 000 personnes selon les estimations de l’ONU.
Pour les défenseurs des droits humains, cette décision judiciaire rappelle l’importance de protéger la vérité historique face aux tentatives de révisionnisme. Des organisations comme Ibuka France, qui rassemble des rescapés du génocide, ont salué le verdict, affirmant qu’il contribue à la préservation de la mémoire collective.
Charles Onana et son éditeur n’ont pas encore indiqué s’ils comptaient faire appel de cette décision. Ce procès, très médiatisé, relance néanmoins le débat sur la responsabilité des intellectuels et des éditeurs dans la propagation d’idées susceptibles de nuire à la cohésion sociale et à la justice historique.
La condamnation intervient à un moment où les questions mémorielles et la lutte contre le négationnisme occupent une place croissante dans le débat public, en France comme ailleurs. Ce jugement pourrait ainsi servir de jurisprudence pour d’autres affaires similaires, en France ou au niveau international.
Diddy MASTAKI