
Le retour à la parole publique de l’ancien Président Joseph Kabila continue de susciter de vives réactions. Dans son discours du 23 mai, l’ex-chef de l’État a dressé une liste de douze priorités nationales pour sortir la RDC du gouffre, appelant à un « sursaut patriotique » et à la signature d’un « pacte citoyen ». Mais pour le mouvement citoyen LUCHA (Lutte pour le Changement) RDC-Afrique, ces propos relèvent d’une hypocrisie politique manifeste.
Dans une réaction à chaud, la LUCHA s’est insurgée contre ce qu’elle qualifie de tentative de blanchiment politique. « En appelant le peuple congolais à un sursaut patriotique, Joseph Kabila semble oublier sa propre responsabilité, partagée avec le président Félix Tshisekedi, dans la crise actuelle », affirme ce mouvement.
Des promesses en décalage avec le passé
Dans son allocution, Joseph Kabila a énuméré une série d’actions urgentes à entreprendre : mettre fin à la dictature, arrêter la guerre, restaurer la démocratie, rétablir les libertés fondamentales, réconcilier les Congolais, ou encore relancer une bonne gouvernance économique. Il propose également un dialogue sincère avec les pays voisins, la neutralisation des groupes armés, et le retrait immédiat des troupes étrangères, saluant au passage la décision de la SADC de rapatrier ses forces de la SAMIDRC.
Mais selon la LUCHA, ces priorités énoncées par Kabila résonnent comme une ironie, au regard des 18 années de son pouvoir : « Comment peut-on appeler à la fin de la tyrannie lorsqu’on en a été l’un des principaux artisans » ? s’interroge un membre dudit mouvement.
Ce mouvement citoyen rappelle que les fondements de la crise actuelle ont été posés sous le régime Kabila : affaiblissement des institutions, instrumentalisation de l’armée, violations massives des droits humains, et mépris des aspirations démocratiques du peuple. La LUCHA souligne également que l’actuelle administration Tshisekedi, bien qu’au pouvoir depuis 2019, a été bâtie sur les ruines d’un système consolidé pendant deux décennies.
Un appel à la mémoire collective
« Le peuple Congolais a le droit à un avenir meilleur, mais cela passe aussi par une relecture honnête du passé. Ce que propose Kabila aujourd’hui est en contradiction flagrante avec son héritage », conclut la LUCHA, appelant à une vigilance citoyenne renforcée face à toute tentative de réhabilitation politique sans justice ni vérité.
Alors que l’ancien Président tente visiblement un retour sur la scène politique, sa déclaration ouvre une nouvelle phase de débats dans l’opinion nationale, entre mémoire, responsabilité et quête de solutions pour une RDC en quête de stabilité.
Diddy MASTAKI