
Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) a annoncé, dans un acte rendu public à l’issue de sa 37e réunion ordinaire tenue le 02 juin 2025 à Kinshasa, la suspension conservatoire pour 90 jours de toute couverture médiatique des activités du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) ainsi que de ses membres, sur l’ensemble du territoire national.
Cette mesure intervient dans un contexte de fortes tensions politiques alimentées par les récents déplacements de l’ancien Président Joseph Kabila à Goma et les messages relayés par les cadres du parti dans divers médias. Le CSAC évoque des risques graves pour l’ordre public, l’unité nationale et la cohésion sociale.
Dans son acte n° CSAC QD.6JB/06/025 du 02 juin 2025, le régulateur des médias Congolais justifie cette décision par le non-respect de la suspension officielle des activités du PPRD décidée par le gouvernement le 19 avril dernier. Selon les documents du Centre de Monitoring des Médias Congolais (CMMC), les prises de parole publiques et les interventions médiatiques du PPRD auraient contribué à attiser les tensions dans l'Est du pays, déjà en proie à des conflits armés.
Le CSAC va plus loin en accusant l’autorité morale du parti, Joseph Kabila Kabange, de liens idéologiques et financiers avec le mouvement rebelle AFC/M23, qualifié de groupe terroriste. Ces accointances supposées avec des groupes responsables de massacres et d’instabilité dans l’Est de la RDC constituent, selon le Conseil, une menace directe à la paix et à la sécurité nationale.
Interdiction stricte pour les médias
L’acte interdit formellement à tous les médias audiovisuels, écrits et numériques, y compris les réseaux sociaux, de diffuser ou relayer les messages, déclarations, images, slogans, interviews ou réunions liés au PPRD ou à son leadership. Le non-respect de cette directive exposerait les contrevenants à des sanctions plus sévères, conformément à la législation en vigueur.
Le CSAC appelle également le Procureur général près le Conseil d’État et les autres services de sécurité à veiller à l’exécution stricte de cette mesure conservatoire, qui entre immédiatement en vigueur.
Une décision controversée ?
Cette suspension exceptionnelle, bien que présentée comme une mesure de préservation de l’ordre public, risque de raviver les tensions politiques dans un climat déjà polarisé. Le PPRD n’a pas encore officiellement réagi à cette décision, mais plusieurs observateurs s’inquiètent de l’impact d’une telle mesure sur la liberté d’expression, le pluralisme politique et l’équilibre démocratique à l’approche des échéances électorales.
Diddy MASTAKI