
Le 26ᵉ sommet ordinaire de la Communauté Economique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), tenu récemment à Malabo, a été le théâtre d’un vif désaccord diplomatique entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, provoquant le retrait spectaculaire de ce dernier de l’organisation sous-régionale.
Le sommet, censé marquer la passation de la présidence tournante de la CEEAC entre la Guinée équatoriale et le Rwanda, conformément à l’ordre alphabétique établi entre les États membres, a été perturbé par l’opposition catégorique de Kinshasa. La RDC a demandé le maintien de la Guinée équatoriale à la tête de l’organisation pour une année supplémentaire, invoquant des « actes d’agression » du Rwanda sur son territoire.
Mais pour Kigali, cette accusation est infondée et relève d’une tentative de manipulation politique. Le ministre Rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a exprimé son indignation face à ce qu’il considère comme une instrumentalisation des institutions régionales à des fins partisanes.
« La guerre actuelle dans l’Est de la RDC est d’abord l’œuvre du gouvernement Congolais lui-même, qui soutient activement le mouvement génocidaire FDLR, organise des milices locales comme les Wazalendo, importe des drones d’attaque et fait appel à des mercenaires pour attaquer le Rwanda », a déclaré le chef de la diplomatie Rwandaise.
Le ministre a rappelé plusieurs incidents qu’il attribue à des agressions Congolaises, notamment l’attaque de Kinigi en 2019 ayant causé la mort de dix-neuf (19) personnes, ainsi que les tirs transfrontaliers ayant touché le district Rwandais de Rubavu en janvier 2022, faisant seize (16) morts et plus de cent soixante (160) blessés.
« Dans ce contexte, la RDC ne peut prétendre dicter à la communauté régionale qui mérite ou non de présider la CEEAC. Ce comportement est inacceptable et traduit une tentative de manipulation des onze (11) États membres par un seul pays », a-t-il dénoncé.
Selon M. Nduhungirehe, la Commission de la CEEAC, en particulier son Président, aurait également fait preuve de partialité, allant jusqu’à faire écho aux positions congolaises dans des réunions à huis clos des chefs d’État.
Face à cette situation jugée intolérable, le Rwanda a annoncé son retrait immédiat de la communauté économique, dénonçant un climat de « diktat unilatéral » et « l’érosion de l’impartialité » de l’organisation.
Cette décision marque un tournant dans les relations entre Kigali et ses partenaires de l’Afrique centrale. Elle illustre aussi les tensions croissantes entre la RDC et le Rwanda, sur fond de conflit armé dans l’Est du Congo, où les deux (02) pays s’accusent mutuellement de déstabilisation.
La CEEAC se retrouve ainsi fragilisée, à un moment où l’unité régionale est plus que jamais nécessaire pour faire face aux défis sécuritaires, politiques et économiques de la sous-région.
Diddy MASTAKI