
Alors que les violences se poursuivent dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), les États-Unis d'Amérique intensifient leur diplomatie pour tenter d’arracher un accord de paix entre Kinshasa et Kigali. Au cœur de cette initiative : une exigence claire du retrait total des troupes Rwandaises, estimées entre 7 000 et 12 000 soldats présents sur le territoire Congolais, avant toute signature d’un accord officiel.
Selon un projet d’accord obtenu par Reuters, les autorités Américaines conditionnent la paix à un désengagement complet du Rwanda, y compris le retrait de ses armes, équipements et soldats actuellement déployés dans l’Est du Congo. Une démarche qui risque de susciter de fortes résistances à Kigali, où les autorités perçoivent encore la présence des groupes armés hutu comme une menace stratégique.
Une présence militaire bien réelle
Longtemps niée par Kigali, la présence militaire Rwandaise en RDC est désormais confirmée par plusieurs sources diplomatiques et de renseignement. D’après Reuters, entre 7 000 et 12 000 soldats rwandais ont été envoyés dans la province du Nord-Kivu, en soutien aux rebelles du M23. Cette estimation, appuyée par des analystes et diplomates, fait suite à la prise des deux principales villes de la région par le M23 plus tôt cette année.
Officiellement, Kigali continue de nier toute implication directe, affirmant que ses troupes interviennent uniquement en légitime défense face aux incursions de l’armée Congolaise et à la menace persistante des milices hutu, dont les FDLR, accusées d’être issues du génocide de 1994.
Washington presse pour un accord rapide
L’administration Trump, représentée dans ce dossier par Massad Boulos, conseiller spécial pour l’Afrique, vise un accord finalisé dans un délai de deux mois. Ce calendrier ambitieux tente de mettre fin à un conflit dont les racines remontent aux lendemains du génocide Rwandais.
Un précédent document signé en avril à Washington par les chefs de la diplomatie congolaise et Rwandaise, sous la médiation du secrétaire d’État américain Marco Rubio, s’en tenait à une simple déclaration de principes. Cette fois, le projet d’accord va plus loin, en exigeant le retrait des troupes et en proposant la mise en place d’un mécanisme de coordination sécuritaire conjoint, incluant possiblement des observateurs militaires internationaux.
Kinshasa hausse le ton, Kigali attend
Un haut responsable de la présidence Congolaise n’a pas mâché ses mots : « Nous n’accepterons aucun compromis. Le retrait des troupes Rwandaises est une condition non négociable ». Il accuse le Rwanda de ralentir volontairement le processus.
De son côté, le chef de la diplomatie Rwandaise, Olivier Nduhungirehe, a indiqué à Reuters que des discussions techniques étaient prévues cette semaine à Washington entre experts des deux pays, sans pour autant confirmer l’adhésion de Kigali au contenu du texte.
Le cas M23 divise toujours
Autre point sensible : le projet Américain propose que le M23 participe à un dialogue national en RDC, au même titre que d’autres groupes armés. Une concession que Kinshasa juge inacceptable, estimant que le M23 est un groupe terroriste et une marionnette de Kigali.
En parallèle, des pourparlers directs se poursuivent entre le gouvernement Congolais et le M23, sous médiation du Qatar à Doha. Mais un responsable rebelle a reconnu qu’aucun progrès significatif n’a été réalisé, notamment sur la question du retrait du M23 des zones occupées.
Le projet d’accord stipule pourtant que le Rwanda devra user de son influence pour forcer ce retrait, conformément aux engagements pris lors des discussions de Doha.
La Rédaction, d'après Reuters