
La culture et les traditions imposées aux hommes et aux femmes constituent, en partie, des obstacles à la jouissance des droits humains par de nombreuses femmes et filles. D’où la nécessité d’associer les deux sexes dans la lutte contre les discriminations basées sur le genre et dans la promotion de l’égalité des sexes.
C’est ainsi que, dans la province de l'Ituri, depuis plusieurs années, la Mission de l'Organisation des Nations-unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo (MONUSCO), à travers sa Section du Genre, mène cette croisade pour la protection et l’émancipation des femmes en vue de leur autonomisation.
Cette session au sein de ce système des Nations-unies note une avancée de la masculinité positive qui d'après Jean Tobi Okala chef de service de l'information et communication de la MONUSCO Bunia, "avance lentement, mais sûrement, grâce aux campagnes de sensibilisation des populations, avec l’aide de la MONUSCO".
"Ce sont les populations locales qui le disent elles-mêmes. Comme à Bogoro, à 25 kilomètres de Bunia, le vendredi 8 novembre dernier", a-t-il écrit.
Dans ces localités de territoire de d'Irumu, une formation a a été organisée par la MONUSCO, avec triple objectif dont, "sensibiliser les jeunes femmes et hommes et les leaders locaux aux effets indésirables des stéréotypes sexistes et des coutumes discriminatoires à l'égard des femmes, sensibiliser la communauté au changement de comportement pour l'égalité du genre dans les communautés, et enfin, emmener les membres de la communauté à casser les barrières qui freinent l’émergence des femmes, tout en essayant de convaincre les hommes de s’associer à ce combat pour l’égalité des sexes entre les hommes et les femmes".
Cette séance qui a eu lieu à près d'une vingtaine de kilomètres au Sud de la ville de Bunia a réuni une cinquantaine de leaders communautaires dont 15 femmes de Katoni et Bogoro, deux entités coutumières situées à la périphérie du chef-lieu de la province de l’Ituri, ont reconnu l’impact de ces sensibilisations.
"Les campagnes de vulgarisation des textes qui militent pour la lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre, ainsi que l’égalité entre hommes et femmes portent déjà des fruits", ont-ils affirmé.
Pour Romeo Oudo, un habitant du village de Katoni, des changements considérables sont déjà perceptibles.
" Dans mon village par exemple, notre chef coutumier a nommé des femmes comme responsables en charge de sa sécurité de dix maisons appelé (Nyumba kumi). C’est le résultat de ce genre de formations et des restitutions que nous faisons, qui font qu’il y ait ces changements", déclare-t-il.
Jeannette Mave, est une mère de famille qui vit à Bogoro est du même avis. Pour elle, les femmes sont de plus en plus associées par leurs époux à la prise de décisions dans leurs foyers.
"Actuellement, nous les femmes, avons le droit à la parole ; chose qui n’était pas possible avant. Par exemple, exercer une activité commerciale, avant, c’est l’homme qui s’accaparait de toutes les recettes. Mais grâce à ces sensibilisations, nous pouvons maintenant exercer aisément nos commerces. À travers ces sensibilisations, nous sentons qu'il y a un changement ; même dans nos foyers. Avant nos époux ne pouvaient pas tolérer que nous puissions faire des propositions. Mais actuellement, nous sommes libres. Nous avons notre mot à dire. C'est pourquoi sincèrement, nous disons merci à la MONUSCO pour ces sensibilisations. Il faut les multiplier", dit-elle.
Le 4 septembre 2024, une sensibilisation sur la masculinité positive à l’intention des leaders communautaires a été organisée par la MONUSCO à Komanda dans le territoire d’Irumu.
Par "masculinité positive", on entend l'ensemble des caractéristiques ou comportements dépourvus des violences basées sur le genre, principalement à l'égard des femmes. Celle-ci revêt plusieurs formes. Par exemple, la masculinité co-responsable ou le fait pour l’homme et la femme d’exécuter les mêmes tâches ménagères, plutôt que de tout laisser entre les mains de la femme, parce-que femme, et peu importe, même si elle travaille aussi comme l’homme.
Il y a aussi la "masculinité démocratique" : le fait pour l’homme de se concerter avec sa femme pour prendre des décisions collégialement. On pourrait aussi parler de " masculinité non-violente", ou le fait pour l’homme de ne pas recourir à la force ou à la violence, malgré son statut de chef de ménage, pour diriger son foyer.
Joël Heri Budjo