
Dans la province de l'Ituri les Hema et Lendu ont finalement résolu de renouer le dialogue rompu, et ont opté pour la reprise des activités commerciales au marché de Dzudda dans le territoire de Djugu.
Dans cette partie Nord de la ville de Bunia, la réouverture du marché communautaire de Dzudda, démontre visiblement l’engagement de deux communautés à privilégier le vivre-ensemble, avec l’accompagnement de la MONUSCO.
« Nous, les Hema, sommes très contents de la médiation faite par la MONUSCO, parce que nous-mêmes, on était incapables de coordonner ce dialogue. La cohabitation avec nos voisins Lendu, c'est maintenant une réalité. [Jeudi], pendant la réouverture du marché, les membres des deux communautés ont mangé et bu ensemble pour sceller ces retrouvailles, et cette cohésion sociale », a déclaré Grégoire Logo Bamaraki, le président des jeunes de Bahema Nord.
De son côté, le secrétaire administratif du Groupement de Laudjo, Innocent Lomboni Kpadyu, se réjouit de cette réouverture qui va relancer les activités économiques dans la région, toute en favorisant le vivre-ensemble entre communautés locales.
« Nous sommes très contents de cette rencontre initiée par la MONUSCO. Ce marché ravitaillait beaucoup d’habitants des Secteurs de Walendu Pitsi, Tatsi et Datsi, ainsi que la chefferie des Bahema Nord. Beaucoup de commerçants vont désormais venir y vendre leurs marchandises, et cela va aider la population à gagner un peu d’argent. Ce marché aide beaucoup les deux communautés qui vivent désormais ensemble et dialoguent. Nous sommes très contents de sa réouverture » a-t-il dit.
Il n'a l'air de rien, mais ce bout d'espace commercial représente beaucoup pour les communautés Hema et Lendu de la localité de Dzengele, à 80km au Nord-Est de la ville de Bunia, dans le territoire de Djugu, en Ituri, explique Jean Tobi Okala, chef de la section Information public de la Monusco.
Le marché de Dzudda constitue un centre économique d’intérêt stratégique pour la région. Il favorise le rapprochement des populations marchandes ainsi que des notables des secteurs de walendu Djatsi, Tatsi, Pitsi, mais aussi de la chefferie des Bahema Nord et une grande partie de la chefferie des Bahema Badjere. Ce point de vente nourrit aussi la ville de Bunia ainsi que des villages lacustres sur le lac Albert en produits agricoles.
Au-delà de la réouverture de ce marché, il y a aussi le fait que nombreux habitants sont désormais libres de circuler de part et d’autre, ce qui permet de désenclaver certaines entités.

Sur terrain, les deux parties ont convenu d’aller à la rencontre des leaders des groupes armés, pour les sensibiliser à instruire leurs hommes d’arrêter de s’attaquer aux civils, et préserver la paix et le vivre-ensemble dans la région.
« Nous ne voulons plus être déstabilisés par nos groupes armés locaux, c'est pourquoi des sensibilisations ont déjà commencé, pour leur demander de ne plus attaquer les populations civiles », a affirmé Grégoire Logo Bamaraki, le président des jeunes de Bahema Nord.
Il y a environ deux mois, à la suite des conflits communautaires soutenus par les groupes armés locaux CODECO et Zaïre, qui avaient occasionné mort d’hommes et des déplacements de populations suivis de pillages de leurs biens, ce lieu qui sert de marché hebdomadaire avait dû fermer. Mettant ainsi à mal le vivre ensemble et la cohésion sociale prônés aussi bien par les autorités que par la MONUSCO.
Mais les conséquences de cette fermeture étaient tout aussi économiques que financières : en l’absence d’échanges commerciaux et incapables d’écouler leurs produits agricoles, les populations de deux communautés se sont retrouvées presque sans sources de revenus, fragilisant un peu plus des habitants déjà paupérisés par de longues années de guerre.
Médiation de la MONUSCO
La Monusco à travers sa Section des Affaires civiles, n’est pas restée indifférente face à cette situation. Le dimanche 27 avril 2025, elle réunissait les deux parties pour faciliter la reprise du dialogue entre les deux communautés ; mais aussi, échanger sur la nécessité de rouvrir ce marché, au nom de la cohabitation pacifique.
Joël Heri Budjo, à Bunia