
Alors que des élèves de Goma ont repris le chemin de l’école après une longue interruption dûe à la guerre, les écoles primaires publiques restent portes closes. La prise de la ville par le mouvement AFC M23 a bouleversé le système éducatif, laissant les enseignants et élèves dans une incertitude totale.
Si les établissements privés fonctionnent à nouveau, les écoles publiques peinent à réouvrir, faute de moyens. La gratuité de l’enseignement autrefois garantie par l’État Congolais est désormais compromise sous la nouvelle administration. Les enseignants, dont les salaires étaient assurés par Kinshasa, ne savent plus à qui se référer ni comment ils seront rémunérés.
Un secteur en crise
Julienne Kasilamo, responsable de la composante éducation et recherche scientifique à la coordination de la société civile du Nord-Kivu, tire la sonnette d’alarme.
« Nous nous réjouissons de voir les enfants retourner à l’école, mais les écoles primaires publiques font face à de graves difficultés. Avant, les frais de fonctionnement et les salaires des enseignants étaient pris en charge par le gouvernement. Aujourd’hui, ces enfants ont droit à l’éducation, mais qui financera leur apprentissage ? », s'interroge-t-elle.
La reprise scolaire est aussi freinée par la crise économique qui frappe la ville. De nombreux parents ruinés par la guerre et les pillages, n’ont plus les moyens de payer les frais de scolarité, même dans les écoles privées. Certains choisissent de garder leurs enfants à la maison, faute de solutions.
« Beaucoup de parents ont perdu leurs biens ou leur travail. Nous les encourageons à envoyer leurs enfants à l’école malgré les difficultés », insiste Julienne Kasilamo.
Un avenir incertain
Déjà retardée par une grève des enseignants, la rentrée 2024-2025 devait initialement avoir lieu le 4 septembre 2024, mais n’a réellement commencé que le 28 octobre. Aujourd’hui encore, les écoles publiques restent fermées, et l’accès à l’éducation demeure un défi majeur dans un climat d’instabilité politique et économique.
Les autorités locales et les organisations humanitaires prendront-elles des mesures pour assurer la continuité de l’éducation à tous les enfants de Goma ? En attendant, l’avenir scolaire de milliers d’élèves restent en suspens.
Diddy MASTAKI