
Le Bureau du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication (CSAC) a décidé, à titre conservatoire, de suspendre la diffusion de la chaîne Al Jazeera en République Démocratique du Congo pour une durée de 90 jours. Cette décision fait suite à la diffusion d'une interview accordée à un leader du groupe terroriste M23, interview qui n’a pas été préalablement recoupée avec d’autres sources ni accompagnée d’avis contradictoires, ce qui a été jugé comme une tentative de déstabilisation des Institutions de la République.
Dans un communiqué officiel publié lundi 13 janvier, le Bureau du CSAC a souligné la nécessité de faire respecter strictement les lois de la République en matière de communication, en particulier celles concernant la diffusion d’informations susceptibles de nuire à la paix et à l’ordre public.
« Attendu qu'il y a nécessité et urgence de faire respecter scrupuleusement les lois de la République en matière de communication, le bureau du CSAC a pris la décision après débats et délibération », précise le communiqué.
Conformément à l’ordonnance du CSAC, la suspension concerne l'ensemble de la diffusion de la chaîne Al Jazeera sur tout le territoire de la RDC pour une période de 90 jours. Le communiqué précise également les obligations des acteurs concernés, notamment les directeurs généraux des sociétés de télédistribution opérant en RDC. Ils sont appelés à veiller au strict respect de cette suspension.
« Les Directeurs Généraux des Sociétés de Télédistribution opérant en République Démocratique du Congo sont tenus au strict respect du présent acte », peut-on lire dans le communiqué.
Le Procureur Général près le Conseil d’État et le Directeur Général du RENATELSAT sont également priés de veiller à la bonne exécution de cette mesure. La décision prend effet immédiatement, à compter de la date de son adoption.
Cette décision survient dans un contexte de tensions croissantes en RDC, notamment en raison des violences liées aux groupes armés, dont le M23, dans l'Est du pays. La décision du CSAC pourrait avoir des répercussions sur la liberté de la presse et sur la relation entre les autorités congolaises et certains médias internationaux. Les réactions de la communauté internationale et des défenseurs des droits de l’homme sont attendues dans les jours à venir.
En attendant, la suspension de la chaîne Al Jazeera dans le pays soulève des questions sur le rôle des médias étrangers dans la couverture des conflits internes et sur les limites de la liberté d’expression face à des considérations de sécurité nationale.
Diddy MASTAKI