
Amnesty International dit avoir recueilli des informations sur plusieurs cas de disparition forcée. Il dit avoir recueilli des informations selon lesquelles, des parents ont cherché leurs proches dans les sites de détention de Goma et de Bukavu ; bien souvent, les combattants du M23 leur ont refusé l’accès à ces sites ou ont nié que leurs proches s’y trouvaient, ce qui équivaut à des disparitions forcées.
Amnesty International dit s'être entretenue avec trois détenus et deux proches de détenus qui ont expliqué que les familles cherchaient leurs proches dans les sites de détention du M23, mais qu’elles étaient souvent induites en erreur par les combattants du M23 qui dissimulaient l’endroit où ils se trouvaient.
« Je suis resté là-bas cinq jours sans que ma famille ne le sache. Les familles font le tour des centres de détention. Elles se rendent devant le portail et demandent aux gardiens; Savez-vous si untel ou untel est ici ? , les gardiens vérifient la liste et disent oui s’ils en ont envie. Ou bien ils disent non, alors que vous êtes là. Ils ont menti deux fois à ma famille en disant que je n’étais pas là », témoigne un détenu qui était enfermé dans un site à Goma.
Les membres de familles ont plusieurs fois, engagé une personne ayant des liens avec le M23 et ont pu avoir accès à un site de détention pour vérifier que leur proche s’y trouvait, parce que le M23 ne voulait pas dévoiler l’emplacement.
Il est fréquent que le M23 demande aux familles de verser de grosses rançons pour obtenir la libération de leurs proches, selon le rapport d'Amnesty.
D’après huit détenus, leur famille a payé une rançon au M23 pour qu’ils soient remis en liberté. Les montants varient de quelques centaines d’euros à plus de 2 000 euros.
De nombreuses familles se sont rendues dans les sites de détention à Goma et Bukavu et ont tenté de négocier ces sommes avec les combattants du M23.
Une famille a passé plusieurs semaines à tenter de négocier la libération d’un de ses membres et le montant de la rançon, demandant finalement à des membres hauts placés du M23 d’intervenir.
« Ma famille est arrivée [là où j’étais détenu] et les combattants du M23 ont demandé de l’argent sans leur dire où je me trouvais », a déclaré un détenu qui ajoute que sa famille a fini par payer plusieurs centaines d’euros pour sa libération.
Des conditions inhumaines dans les lieux de détention du M23
Selon cinq prisonniers détenus dans des cellules collectives surpeuplées au centre situé sur le mont Goma en février 2025; dans certaines cellules, ils étaient si à l’étroit qu’ils étaient obligés de dormir assis sur le sol en béton ou debout. Elles étaient sombres, chaudes et mal ventilées. Les gardiens n’apportaient de la nourriture qu’une fois par jour, généralement une assiette de maïs bouilli à partager. Sans eau courante, les détenus passaient des semaines sans se laver.
À la mi-mars, le M23 a transféré certains détenus par bus du mont Goma au site de détention de l’assemblée provinciale, semble-t-il en raison de la surpopulation ; mais la place est venue à manquer là-bas aussi. Un détenu a raconté qu’ils étaient entassés dans une cellule minuscule, et que certains étaient malades.
Dans un deuxième site de détention sur le mont Goma, un ancien détenu a décrit les conditions dans une cellule souterraine en terre.
« Le trou était long, il faisait plus de 2 mètres de profondeur. Il faisait très chaud. Certains sont morts à cause de la chaleur. J’ai perdu un proche. Il est mort au bout d’une semaine de détention », témoigne cet ancien détenu qui ajoute que son proche est mort du fait de la torture, combinée au manque de nourriture et d’eau.
Rédaction